Festival de la Bande Dessinée de Blois

- Vous donnerez à découvrir évidemment Pierre Tombal, mais aussi Feux ou encore Arkel lors du festival blésois... Comment expliquez-vous cette différence (évolution ?) de style entre le réalisme des débuts,
notamment dans Spirou, et l'humour noir d'aujourd'hui ?


- C'est un métier de plaisir.
La pire des choses serait de devoir me lever le matin et me mettre au travail avec des pieds de plomb,
des mains de plomb, une cervelle de plomb.
Pour éviter cela, je m'amuse en variant les séries.
A l'intérieur d'une même série aussi, cela bouge un peu.
Si vous prenez le premier album de "Pierre Tombal", le dernier, et un du milieu, il y a aussi une évolution.
C'est d'ailleurs tout aussi amusant d'essayer de trouver de petites choses autres que de toucher à un autre style.

- D'ailleurs, pouvez-vous nous en dire plus sur l'exposition qui vous sera consacrée à BD Boum 2009 ?


- Plus ou moins un tiers de ma production n'est pas destinée à la publication.
Ce sont des dessins dans lesquels je me laisse totalement aller.
J'y fais mes petites expérimentations, découvertes, que je réinjecte parfois dans mes séries.
Certains de ces dessins n'ont rien à voir avec des histoires existantes, d'autres bien.
Parfois même ce sont des illus avec des personnages arrêtés depuis plusieurs années.

- Avez-vous (et si oui pourquoi) l'envie, le besoin, de provoquer, et de bousculer quelques tabous dans vos oeuvres ?
Est-ce selon vous le but (ou l'ambition) de votre travail ?


- Sincèrement, je ne le pense pas.
Encore une fois, je cherche juste à m'amuser et à amuser l'enfant devenu âgé que je suis toujours.


- Comment passez-vous si facilement de "Lolo et Sucette" (entre autres exemples, sans oublier Ange, etc...)
à Pierre Tombal ? De cet humour noir à la BD adulte (hors sujet : j'ai d'ailleurs lu quelque part que
l'on vous avez demandé de faire du "cul hard" à une époque, le porno vous a moins inspiré ?) ?


- On ne m'a pas vraiment demandé de faire du "cul hard".
Au départ, "Lolo & Sucette" devait paraître dans "l'Echo des Savanes".
Nous trouvions amusant avec Yann, (le scénariste), de faire une série tournant autour de la prostitution dans laquelle
les choses étaient plus suggérées que montrées.
Une journaliste avait tout compris en parlant "du bienheureux retour à l'hypocrisie".
La politique à "l'Echo" étant d'en montrer plus, nous n'avons pas accepté.
Une série porno? Avec un très bon scénario, oui. Mais alors, cela devient une série érotique.
J'ai plus ou moins cela dans un recoin de ma tête.

Vous semblez en évolution perpétuelle, comment l'expliquez-vous ?


- En parodiant Picasso (sans prétention, aucune!), je ne cherche pas à évoluer, je trouve à m'amuser.


- Comment intervenez-vous (ou pas) dans les scénarios ?


- Cela dépend du scénariste, de l'histoire.
Tout est question de popotte interne et personnelle.

- Pourquoi un festival tel que BDBoum est-il important pour vous ?


- Lors d'une précédente exposition à Bruxelles, un visiteur m'a dit :
"Je connaissais votre travail dans les albums, ici, devant les originaux, je n'ai pas l'impression de voir la même chose,
c'est beaucoup mieux".
Mon travail perd assez bien à la réduction et à la reproduction.
BDBoum me permet de montrer que ce travail est peut-être un peu plus que ce qu'on ne pourrait penser.

- Enfin, quels sont vos projets ?


- Nombreux. Tout d'abord, un Pierre Tombal.
Ensuite, un one-shoot Spirou, sur lequel je travaille depuis plus de trois ans.
Et trois autres projets qui ne sont pas suffisamment aboutis que pour en parler.

- (facultatif) : Avez-vous une anecdote pour nous parler de Raoul Cauvin ?


- Cauvin est un Monsieur adorable qui souffre d'un à priori défavorable à son encontre.
Et cela, depuis toujours.
Quand nous avions décidé de faire Pierre Tombal ensemble, il ne voulait pas voir sa signature
apparaître, pensant que son nom pourrait nuire à la série.
Les premières pages sont donc parues sous mon seul nom.
Les critiques furent, au minimum, plus qu'élogieuses.
On s'est même servi de la série comme contre exemple à la "routine Cauvin".
Plus tard, quand son nom est apparu, les ex plus dithyrambiques ont déploré la baisse de qualité de
la série depuis son apparition aux commandes des scénarii.

Bien à vous- Marc Hardy


Journaliste Nouvelle République (agence de Blois)Natacha Monhoven


Sur ce lien un reportage à visionner. Interview de Marc Hardy pour la chaine France3.

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